L’écriture de l’histoire

L’œuvre de Michel de Certeau peut être considérée comme étant le témoignage exemplaire d’une réception critique de l’œuvre de Michel Foucault. Cette réception finit par produire un intertexte dont la matrice est celle de l’écriture de l’histoire. Les divergences qui sont de taille sont notamment relatives à l’usage que fait de Certeau de la psychanalyse et de la théologie mystique. Elles ne sauraient pour autant minimiser la portée et l’originalité de cette relecture.

Michel de Certeau, historien et théologien de la fable mystique, philosophe de l’histoire du politique et du religieux, sociologue des pratiques culturelles, a su, comme il le reconnaît, honorer la dette qu’il a contractée envers ses maîtres. Il a d’abord étudié l’histoire de la spiritualité à partir de l’œuvre de Henri Brémond, la critique textuelle avec Jean Orcibal, la lecture des cartes anciennes avec François de Dainville, l’ethnographie des lieux sacrés avec Alphonse Duprond. Il s’est aussi intéressé à l’École des Annales, notamment au Marc Bloch médiéviste et aux historiens de la troisième période, comme François Furet et Jaques Le Goff, tout en critiquant les historiens de la première période, illustrée par les jugements tranchés de Lucien Febvre sur la Réforme et ceux de la deuxième période, illustrée par le geste de la synthèse impériale réalisée par Fernand Braudel.

Jean-Paul Resweber

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