Très critique envers Les Mots et les Choses, Ricœur dit son admiration pour L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi et le rapprochement de sa pensée avec celle du dernier Foucault, laissant au lecteur la tâche, difficile, d’en trouver éventuellement les signes dans Soi-même comme un autre et dans d’autres écrits portant sur la question du soi.
Mais, sans jamais méconnaître la différence entre les problématiques des deux philosophes, le lecteur peut aussi, en vue d’élaborer sa propre compréhension de la question, traiter leurs textes comme des « boîtes à outils » et en extraire quelques instruments propres à s’articuler fructueusement les uns aux autres.
Ricœur et Foucault ? Peut-on associer aujourd’hui – et, si oui, de quelle façon – deux pensées restées longtemps étrangères l’une à l’autre, oscillant, l’une à l’égard de l’autre, entre ignorance et hostilité ? Le lecteur des ouvrages publiés par les deux philosophes au cours des années 1960 et 1970 ne pouvait guère imaginer entre eux de rapports autres que d’indifférence ou d’antagonisme latent. Ce n’est donc pas sans surprise que ce même lecteur découvre, dans plusieurs textes postérieurs à la mort de Foucault, l’hommage appuyé que lui rend Ricœur.