1 Julien Bernard, sociologue, maître de conférences au département de sociologie de l’université Paris-Ouest Nanterre nous propose une ethnographie des croquemorts afin d’élaborer une anthropologie des émotions. D’où le triptyque didactique de l’ouvrage qui conduit le lecteur dans les coulisses des obsèques (première partie: organisation des obsèques; deuxième partie: exécution des prestations) pour l’attirer ensuite vers une formalisation théorique des émotions (troisième partie: la place des émotions).
2 Basé sur un travail descriptif très détaillé comprenant de nombreux extraits du journal de terrain (l’auteur a lui-même exercé la profession de porteur de cercueil), Julien Bernard livre ici une ethnographie sensible et du sensible d’une profession dépréciée du fait de son contact direct avec la mort. Le terme de «croquemort», rappelle l’auteur, aurait pour étymologie légendaire le fait de croquer le gros orteil du mort pour vérifier qu’il n’est plus vivant. Plus sérieusement, le terme aurait, dit-il, pour origine, le fait que les undertakers utilisaient un crochet «croc» pour manipuler les cadavres lors de la Grande Peste Noire du xive siècle. De nos jours, ce sont environ dix-sept mille personnes qui travaillent dans le secteur du funéraire dans près de deux mille établissements de pompes funèbres pour faire face à mille quatre cent cinquante décès par jour, en moyenne.