Ancienne ville de Ghadamès

Brève description

Bâtie dans une oasis, Ghadamès, « la perle du désert », est une des plus anciennes cités présahariennes et un exemple exceptionnel d’habitat traditionnel. Son architecture domestique se caractérise par les différentes fonctions assignées à chaque niveau : rez-de-chaussée servant de réserve à provisions, étage familial surplombant des passages couverts aveugles qui permettent une circulation presque souterraine dans la ville et terrasses à ciel ouvert réservées aux femmes.

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Description longue

Ghadamès, connue sous le nom de « perle du désert », se trouve dans une oasis. C’est un exemple extraordinaire d’habitat traditionnel, et l’une des plus anciennes villes de la région présaharienne : elle a pris la suite de Cydamae, ville fortifiée dont Cornelius Balbus avait fait une alliée de Rome lors de son expédition victorieuse contre les Garamantes, en 19 av. J.-C.

C’est aujourd’hui une petite ville située dans une oasis proche d’une palmeraie. Aucun des édifices conservés ne remonte à la période protohistorique berbère, ou à celle de la domination romaine ; cependant, un remarquable style d’architecture domestique fait de Ghadamès un lieu unique dans le panorama des sites présahariens qui jalonnent la partie nord du désert, de la Libye à la Mauritanie. De plan à peu près circulaire, la ville historique de Ghadamès est formée par un groupe de maisons dont celles qui occupent le pourtour présentent des murs externes renforcés, qui forment son enceinte. Bien que rudimentaire, cette enceinte présente différents bastions et portes.

L’unité de base de la ville est la maison, composée au minimum de deux principaux niveaux. L’accès au rez-de-chaussée, qui peut être souterrain, se fait par une seule porte d’entrée qui ouvre sur un vestibule étroit menant à une salle rectangulaire où les denrées étaient stockées avec, à l’arrière, un escalier. Ce dernier mène à un étage supérieur, beaucoup plus spacieux. L’espace d’habitation du rez-de-chaussée empiète sur les passages couverts aveugles qui longent les murs et desservent la ville à la façon de galeries, plutôt que de véritables rues. Le premier étage comporte généralement un grenier surélevé et des chambres à coucher, parfois un salon ; il peut également exister un second étage, de plan analogue. Au niveau des terrasses (trois ou quatre, selon la maison), seule la partie surélevée du grenier émerge au-dessus d’un plan horizontal délimité par des murets bas.

Le plan contradictoire de cette curieuse ville ne peut être perçu comme un tout. Au niveau du sol, les galeries étroites et sombres isolent les principaux éléments du bâti, et permettent la circulation souterraine ; les petites cellules familiales isolées sont caractéristiques des étages supérieurs. Les terrasses, qui forment un paysage urbain ouvert, confèrent à l’espace une forme de dimension collective ; mais elles le font en séparant les sexes : la terrasse est le domaine exclusif des femmes auxquelles elles donnent une grande autonomie, notamment celle de communiquer d’une terrasse à l’autre, de se faire des amis chez les voisins, et même de se déplacer sur le « toit » de la ville. En revanche, les galeries couvertes du rez-de-chaussée sont généralement réservées aux hommes.

Ghadamès a conservé les matériaux d’origine correspondant à son étonnant urbanisme : les murs en pisé ou en brique crue, les boisages, les hourdis et les huisseries en bois de palmier. Les murs internes et une grande partie des murs externes sont chaulés, ce qui illumine les salles et met en relief le décor spartiate des maisons, les fenêtres et les niches en gypse, les peintures, le mobilier…

Source : UNESCO/CLT/WHC

UNESCO

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