Ahmed Habouss
Ce qu’on passe sous silence, ce qu’on occulte, ce qu’on agite comme danger pour faire peur est ici évoqué et justifié au nom d’une culture néo-patriarcale, qui nous invite au respect de la tradition masculine et à la fidélité d’un modèle de société où la femme est perçue comme un corps sexué qu’il faut voiler et protéger. C’est une réalité sociologique et anthropologique travaillée par les mutations qui ont fait éclater la famille élargie, les solidarités et marginaliser des groupes et des individus qui ont perdu leurs certitudes de jadis. Ces déçus de la modernité deviennent des pauvres à la merci « des vendeurs d’espoirs et des lendemains qui chantent ».
La présence de la femme marocaine au sein du mouvement de la société civile est une source qui a donné une empreinte féminine aux revendications de la société civile. Quelle est la place du féminin dans la société marocaine ?
Quand on parle de mémoire féminine on fait référence à la subtilité de la langue, aux pratiques et aux résistances culturelles et toute sorte de stratagèmes pour contourner les formes de domination et d’exploitation masculine. Refus de l’arbitraire, libérer ce qui est refoulé et sédimenté comme tabous, comme non-dits qui ont structuré la mentalité de plusieurs générations de Marocains. Cette mémoire féminine a développé depuis des siècles des mécanismes de survie et d’adaptation en milieu hostile.
Le devoir de mémoire qui est une et plurielle nous renvoie l’image de nos mères et grands-mères, et l’amour qu’elles avaient de la langue maternelle amazighe et darija, où le pouvoir de la parole conjugue le possible et le réel, la résistance, l’imagination et la créativité.
*. Il y a 15 ans!
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