La colère étouffée des Algériens

Ils sont déterminés. Aux portes du port d’Alger, Abdou Merah Abdelhak et quatre de ses collègues expliquent, avec emportement, pourquoi 2 500 travailleurs de l’Entreprise portuaire d’Alger (Epal), sur les 3 000 journaliers, contractuels et dockers en poste, se sont mis en grève depuis lundi 16 mai. Le lendemain, leurs collègues d’autres ports algériens, notamment à Oran et Mostaganem, leur emboîtaient le pas, mettant à mal le trafic de marchandises.

Et ce, contre l’avis du syndicat unique Union générale des travailleurs algériens (UGTA) qui déclare cette grève illégale et exige son arrêt avant toute discussion. « Il devait y avoir des augmentations de salaire en compensation des réductions d’effectifs, or il ne s’est rien passé depuis trois mois ; quant aux journaliers, ils devaient être régularisés selon un engagement du ministère des transports de 2008, mais l’opération s’est arrêtée en cours de chemin », s’insurge Abdou.

Les dockers sont comme la plupart des Algériens : en colère. Depuis les émeutes de début janvier, la contestation sociale met le pays en ébullition. La direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a recensé 520 marches et sit-in au mois de mars dans le pays et estime que 11 710 services d’ordre ont été mobilisés pour « veiller au maintien du calme », rapportait le quotidien El Watan le 12 mai.

Revendications

L’agitation sociale du pays, et sa répression, remplit les colonnes des journaux. « On se met au balcon pour voir d’où vient le bruit », souligne un habitant. Pas un jour à Alger sans grondement social.

MARIE VERDIER

 

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