Chaire européenne : Développement durable. Énergie, environnement, société

1. Leçon inaugurale

1. Résumé. Il y a quarante ans, l’humanité vivait un événement unique dans son histoire : le taux de croissance de la population passait par un maximum (2 % par an) avant d’amorcer une diminution. La phase de très forte croissance qui avait précédé ce maximum a suscité une grande inquiétude, qui s’est traduite par des souhaits de « croissance zéro » pour la population comme pour l’économie mondiales. Mais l’hypothèse d’une croissance économique zéro n’a guère été considérée sérieusement par les économistes, et l’apparition de la notion de « développement durable » a reporté le débat vers d’autres formes de croissance plutôt que vers l’idée d’un arrêt de celle-ci. Les deux objectifs restent pourtant fortement liés.

2. La transition démographique : théorie ou processus ?

2. La question démographique se situe en amont de la plupart des questions liées au développement durable : d’une part parce que la dimension de la population mondiale est une variable clé pour la définition des besoins présents et futurs en alimentation ou en énergie, comme pour la vitesse d’épuisement des ressources non renouvelables et le niveau de la pollution, et d’autre part parce que son évolution, au moins à l’échéance de quelques décennies, peut être prévue convenablement (ce qui est plus difficile pour les autres variables). Dans ces cours, on rappellera nos connaissances en la matière, mais on mettra aussi en question les « certitudes démographiques » : quelles sont les bases théoriques et les méthodes techniques qui permettent au démographe de livrer des chiffres sur les populations actuelles et futures avec une certaine assurance ? Que peut-il se passer dans cinquante ou cent ans dans les pays actuellement développés et dans les autres ? Et finalement, quelle place la population tient-elle dans les divers aspects du développement durable, au-delà de son simple statut de variable exogène ?

Henri Leridon

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