A Marrakech, le mouvement du 20 février se poursuit

Mardi 19 avril. En cette fin d’après midi, une trentaine de jeunes hommes et de jeunes femmes se retrouvent au pied d’un immeuble de Marrakech. Vêtus de chasubles blanches sur lesquelles on peut lire en arabe et en berbère « mouvement du 20 février » [1], ils sont convenus de parcourir les quartiers populaires du Nord de la Médina pour encourager leurs concitoyens à se joindre à la manifestation de dimanche.

Des actions comme celle-ci – marches militantes et distributions de tracts – les jeunes du mouvement du 20 février, très actifs dans les quartiers populaires (Daoudiate, Massira, Sidi Youssef Ben Ali) et à l’université, en organisent fréquemment depuis deux mois. Dans les ruelles sinueuses et bondées de la Médina, le petit groupe entame sa marche, mégaphones aux mains, scandant des adresses aux passants qu’ils exhortent à s’impliquer politiquement. La réaction des habitants est timide et timorée. Mais toujours favorable.

« Nous sommes chômeurs, étudiants ou fonctionnaires », nous explique Nadja [2], comptable de 24 ans. L’origine et l’engagement de ces manifestants sont en effet divers. Qu’ils soient « indépendants » ou socialistes, membres d’association comme Attac ou de syndicats comme l’Union national des étudiants marocains (UNEM), militants du mouvement islamiste Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance, organisation interdite mais tolérée par les autorités) ou du mouvement berbère, aucun d’entre-eux ne se connaissait avant qu’ils ne commencent à militer ensemble. L’action les a réunis sur un front commun. « Nous sommes très vite tombés d’accord », se rappelle Leila, 25 ans, présente lors de la première réunion du mouvement à Marrakech. « Tout le monde attendait ça. Nous étions tous très enthousiastes. Nous voulions faire comme en Tunisie. » A ce stade, peu leur importe les divergences idéologiques. « Si nous sommes là, tous ensemble, c’est d’abord sur les objectifs à atteindre et les actions à mener ! ». « On est là pour réaliser la volonté populaire. Nos étiquettes politiques, on les laisse de côté », ajoute Jamel, 21 ans.

Allan Popelard et Paul Vannier

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