Une mystérieuse autodestruction

Meurtre ou suicide ? L’avenir nous dira si Dominique Strauss-Khan est victime d’une sordide machination, meurtre symbolique d’un homme au faîte de sa gloire, ou s’il vient de mettre en scène, sous nos yeux ébahis, le spectacle de son autodestruction.

Dans cette deuxième hypothèse, rappelons que la première victime est la personne agressée et que des milliers de femmes sont violées tous les jours par des hommes ordinaires. Mais puisque cet homme n’est justement pas ordinaire, voilà notre cinéma mental encombré de chambres d’hôtel luxueuses où les personnages imposés de la soubrette aguicheuse et du séducteur priapique se côtoient dans la plus grande indécence. Difficile d’imaginer qu’il n’a pas “quelque part” désiré cette chute qui marque le refus d’un destin préconçu.

M. Strauss-Kahn expose depuis toujours un aspect massif, terrien, animal, obnubilé par son bon plaisir, qui se conjugue avec l’intelligence aiguë, le raffinement, le souci de l’autre et la délicatesse d’esprit. Il incarne au mieux le déchirement de l’homme contemporain écartelé entre la soif d’une jouissance immédiate et l’ambition démesurée de se construire un destin.

Le Monde

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