L’oeuvre de Manet

« Dans Paris, la ville insoucieuse, il est 10 individus qui jouissent de ce très rare et très glorieux privilège d’arrêter d’un signe la curiosité qui flâne ou qui passe, de faire, quand il leur plaît, s’égayer, s’émouvoir, s’enthousiasmer, s’indigner, courir et jaser les Parisiens. Edouard Manet est de ces dix là ». Voici ce qu’écrivait, le 17 avril 1880, un chroniqueur de la revue hebdomadaire La vie moderne, ajoutant encore à propos de celui qui, au faîte de sa gloire, n’avait plus que trois années à vivre : « ce tapageur a l’horreur du tapage ; cette célébrité bruyante redoute le bruit et la foule ». Pendant une bonne partie de sa vie, Edouard Manet aura vécu sur cette ambiguïté : lui qui rêvait d’être accueilli au Salon, qui espérait la reconnaissance du public comme de la critique, devint, un peu malgré lui, le chef de file d’artistes rebelles, en construisant sa notoriété sur des tableaux qui firent scandale, comme Le Déjeuner sur l’herbe ou Olympia pour ne citer que les plus connus. Œuvres retentissantes, qui contribuèrent à faire rentrer la peinture dans la modernité. Mais Manet était aussi un peintre empreint de culture classique. C’est ce qu’ambitionne de montrer l’exposition proposée en ce moment et jusqu’au 3 juillet au musée d’Orsay à Paris : Manet, inventeur du moderne. Trois invités sont autour de cette Grande Table pour en parler : Stéphane Guégan, Beth Brombert et Jean Le Gac.

France Culture

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