Timitar ne Dada Azayku. Les signes de Dada Azayku

Timitar ne  Dda Azayku
(Les signes de Dda Azayku)
par
Hha Oudadess (Rabat)

Introduction.
Dda Azayku est parti trop tôt, à 63 ans. Il est sorti malade (hépatite C), après une année de prison ferme. Il avait osé, en tant qu’historien averti et en tant qu’Amazigh éveillé, réclamer une réécriture correcte de l’histoire du Maroc. Toutefois, il nous a laissé, en plus de ses travaux sur l’histoire, deux recueils de poésie en Tamazight : Izmulen (Les Cicatrices) de 1995 et Timitar (Les Signes) de 1989.
Tamatart (sing. du pl. Timitar), c’est n’importe quel signe de reconnaissance (Parole, objet, geste, rappel d’un fait précis, …). J’avais déjà tenté une lecture du premier recueil, Izmulen (Les Cicatrices) sur Francopolis. Je vous propose ici, une lecture de son  deuxième recueil, Timitar (Les Signes).A ce propos, j’ai eu la chance d’avoir des occasions d’entendre le poète lui-même déclamer ses propres vers. Il se prêtait simplement à cet exercice quand on lui le demandait, entre amis, et qu’on lui sortait son recueil. Il n’aimait pas se poser en vedette. J’ai également eu le privilège de lire, en sa présence, certains de ses poèmes et de bénéficier de ses explications et/ou éclaircissements. 

 

 

Timitar est, à ma connaissance, le premier recueil moderne clairement militant, en faveur de Tamazight. Il est bien mûri, profond et d’une finesse exceptionnelle. Il s’étale de 1967 (Amarg, p. 77) à 1980 (Astara, p.96 ; Ijddigen iqqoren, p. 115 ; …).
C’est donc une production sur 14 ans. De plus, ces années font toutes partie de la période de plomb au Maroc.

Le recueil est sans introduction, sans préface. Ce qui en tient lieu, c’est une dédicace, poétique elle-même, qui porte des messages très forts. Là voici

Dédicace.
[Cette gerbe de fleurs, je l’ai rêvée pour Maman qui n’a point tué, en moi, le flambeau de Tamazight même s’il la tuée elle-même, elle est encore vivante.
Je l’ai rêvée pour les muets qui m’ont donné la parole en des temps sourds .. Ils m’ont dit Ensemence la graine .. de la parole [La Langue]].

Timitar (Les Signes), titre du recueil. Mais les signes de quoi ? Le mot apparaît en page 39, dans le poème Takwetbit (La Koutoubia).

Takwetbit biddent              Debout est la Koutoubia
Ara x takka timitar             Aussi, nous donnant des signes

Ne willi zrinin.                   Des anciens disparus.

Le poète parle à Takwetbit, il l’imagine pleine de lumière, la tête dans le ciel, telle la fumée mais brisant le soc du temps et scrutant, de haut, l’atmosphère. Il rappelle la grandeur de ses bâtisseurs.

Les tombeurs d’obstacles
Nés dans les monts
Entre les mains, le flambeau
Clair le chemin, aussi bien l’esprit
Le cœur plein de verve

Puis, il plaint l’état piteux du symbole.
Telle qu’elle, lasse est Takwetbit

……………………………………

Le pied de souillure couvert

………………………………

Comme si non issue

De cette terre sa racine.

Désire, pour de vrai, être couverte

Par le temps de ses propres ténèbres

Comme jadis, ses bâtisseurs, il ensevelît

Qui allèrent sous terre.

Il apprend à la tour que seules les étoiles maintenant la connaissent elle et ses sœurs [à Rabat, à Séville]. Puis

Quant à ceux-là qui t’entourent
Ô, rien ils ne valent.
Il l’implore alors de rester debout et que son cœur ne soit pas chagriné. Puis

La racine du passé est encore, en nous, vivante,
Certes, celui qui vit
Encore parler, il pourra
Même si les autres désirent
Que l’oublie la parole.

Il la prend comme témoin de son discours, déclare que c’est sa hauteur qui sema ces pensées dans son cœur et qu’elle est la semence et la pluie avec des araires dans les mains. Il finit par

S’il y a sillon
Les charrues, ensemble, le labourent
Je te prie Takwetbit, debout, reste
Et sur nous, soit témoin.

Je tiens aussi à remettre en question la dénomination Koutoubia. L’idée reçue renvoie au fait qu’on aurait eu l’habitude de vendre des livres au pied de cette tour. Je propose une autre version. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’il s’agirait de Tagweddimt (devenu Tagwedmit), féminin de Agweddim. Ce dernier vocable désignant n’importe quelle tour ou poste élevé) de guet. Il y en a encore d’innombrables dans le Sud-Est marocain. Par ailleurs, cela n’est-il pas compatible avec le nom Amur-Akkuc (La terre de dieu) du lieu-dit Marrakech où se trouve justement Tagwedmit? Aurait-on oublié que Yousef Ou Tachfin ne parlait que Tamazight ?

Les poèmes ne sont pas donnés dans un ordre chronologique. Il semble que l’auteur ait opté pour un autre critère, à savoir d’alterner les thèmes et les messages. En tout cas, le premier poème: Awal (La langue) est de 1978. Il donne la note et le ton de tout le recueil. C’est l’identité qui est ainsi, dès le début, annoncée. Vu son importance, nous le donnons dans son intégralité. Signalons que la traduction, ainsi que toutes celles de cette lecture, sont de moi-même.

Awal (La langue).

Est Amazighe, Ma langue,
Personne ne la connaît ;
En elle, elle porte tant,
Qui peut-il à elle se mesurer ?
C’est moi qui, suspendu, je suis toujours;
Notre langue suspendue,
Les cordes au coup,
Ma langue-organe à peine vivante
Ne fait que parler,
Parmi les sourds, non lassée.
La parole assoiffée, sûrement,
En finir des grandes soifs.
Est Amazighe, Ma langue,
Personne qui en veut.
De qui, c’est un rêve, dit-il ;
S’en va, nous délaisse.
En outre, assène-t-il :
Jamais, le jour, elle ne verra.
De qui dit
Votre langue, de beaucoup se souvient.
Les gens ne veulent point
Malades être, autant que vous l’êtes.
Est Amazighe, Ma langue ;
Encore, elle brisera
Le temps du silence ;
Attisera le foyer dans les cœurs ;
Qu’astres ils deviendront,
Se rejoindront
Dans nos cieux.

Le jardin secret du poète. Azayku le militant amazigh, l’historien fin et méticuleux, est aussi un être humain. Il est porté par l’Amour. Nous en viendrons à l’amour maternel, à la compassion pour les moins nantis ; ce qui n’est autre que l’amour du prochain. Mais il y a aussi l’amour non partagé avec les autres, l’amour qu’on éprouve pour un être en particulier, qui ne s’explique pas et demeure en général dans le jardin secret –et bien clos- de chacun. Le poète nous en ouvre la porte et laisse libre cours à ses sentiments.

Ghassad ma yufa
(Aujourd’hui, qu’a-t-il trouvé ?)

Aujourd’hui, qu’a-t-il trouvé ?
N’est pas tels les autres jours !
Sont-ce les terres qui,
Sous les cieux, ne sont plus?
Sont-ce les eaux où sont mortes les vagues ?
Est-ce toi le vent
Qui, plus, ne ressens
Que nostalgies ?
Souffrance, sans toi, mon œil,
Ma Kheddouj, à moi,
Ne perçoit que la nuit.
De mon cœur, tant est tranché.
Cet amour auquel je pense ;
Je sais, c’est mon remède,
Mais je ne le vois pas.
Lointain, même auprès de moi.
Est-il, votre cœur,
Tout de pierre fait, Mon cher;
Ne t’ai-je point retourné ?
Te voyant, j’ai goûté
De la vie, la douceur.
Centaine, sans toi, j’en ai vu.
A toi, nulle autre pareille.
Kheddouj, la beauté que tu portes
Qu’une seule fois ne put naître.
Sont-ce des yeux de gazelles,
Des crinières d’étalons,
Sont-ce des fleurs écloses

Dans un visage de lune
Est-ce la royale gelée, coulant
Entre de telles dents.
Le canon de beauté, Ô Kheddouj, sans toi,
Dans les cieux, existe-t-il vraiment ?
Je ne pense pas cela.

Janbiyyi (Genvillier). En 1969, étudiant de 3ième cycle à Paris, le poète réalise les conditions pénibles de nos travailleurs immigrés. L’idée qu’il s’en fait est loin de la fausse image idyllique qui régnait dans l’esprit de tout un chacun. Il compatit et nous offre un poème poignant que voici:

Genvillier, de brume couverte ;

Qu’y couvre-t-elle ?

De la bravoure,

De la misère

Et de la peine dans les cœurs.

Les enfants de mon pays, en elle,

Non habitués ;

Par le soleil enfantés,

A la brume, non accoutumés.

L’amour du terroir,

Les siens,

Des immigrés, en ont fait …

Les jours, ils font périr,

Des années ;

Le jour tant attendu,

N’est point arrivé.

Secoue la brume, Genvillier;

Le soleil, le voici.

Laisse tomber le stress;

Entre tes mains, tiens la liesse,

Parmi nos jours, n’est pas lointain

Le grand jour.

L’amour maternel. Ce sentiment est merveilleusement exprimé dans la dédicace. Il  apparaît ensuite clairement dans trois poèmes : Immi (Maman), p. 30 ; Immi dax (Encore Maman), p. 80 ; Immi de Baba (Maman et Papa), p. 43. Mais plus encore, le mot Immi (Maman) est  repris dans d’autres poèmes ; le recueil en est ainsi émaillé. La mère apparaît comme la source, le cours porteur et aussi le lac, ou la mer paisible, dont la largesse et la tranquillité nous reposent. On peut lui parler, se confier , sans risque de mésentente. On est même presque sûr d’être compris et reçu à bras ouverts. A signaler aussi le poème Akkweffay ne Immi (Le lait de Maman), p. 61 du recueil Izmulen. Quelques vers magnifiques en seront donnés et commentés dans la conclusion. Dans les deux recueils, l’amour maternel est  le substratum de l’équilibre et de  la stabilité. C’est l’essence de la patience et de l’espoir. Et c’est aussi le catalyseur de l’action et de l’effort.

Dans Immi (p. 30), le poète donne à la mère –notre mère- le rôle qui lui sied. C’est l’origine de la vie et du beau.

Elle se sacrifie entièrement pour que perdure la continuité et la beauté. C’est aussi le symbole, par excellence, de la
générosité sans attente de retour.

Maman, toi le jardin

Où nos fleurs sont écloses

Celles par  les nôtres plantées

Laissées, de terre, non sorties

La clôture, tu en es

Gardienne ; que pied ne piétine.

De tes larmes, tu puises de l’eau

Afin qu’elles ne périssent.

………………………………

Maman, tendre tu es

J’ai pris, n’oublie pas,

De tes fleurs la vie

……………………

Peu j’en ai pris

A l’océan, me suis servis

Tinmel nnex (Notre tinmel, p. 53). Le mot Immi est invoqué cinq fois dans ce  poème. Il est écrit à Rabat, en 1977.

Mais on comprend, qu’en fait, il a été conçu alors que l’auteur avait à séjourner à l’étranger, car on y trouve le mot Agwemmedê (de  l’autre côté ; de la mer). Il est donc sur les bancs de l’école française proprement dite, après avoir fréquenté l’école marocaine officielle. Il se pose alors le problème de la véritable école, de la sienne. Lui vient alors à l’esprit Tinmel, la mosquée école, et son rôle crucial dans l’histoire du Maroc. Non satisfait, il se tourne vers sa mère, comme refuge et, respectueusement, lui soumet ses questionnements et sa conclusion. Il déclare qu’il est la mosquée de sa mère ( !), déserté par l’étudiant ; qu’il ne peut partir et délaisser la mosquée de sa  mère ; qu’il ne peut se prendre des ailes et oublier la terre. Il pose ensuite le problème capital.

D’où nous sommes, nous ne savons

Ne savons que nous avons quitté

Notre terre, prise par les autres

Autour d’elle, nous tournons.

Et puis, c’est le retour aux sources qui sont les seules à lever l’ambiguïté sur tous les maux dont nous souffrons.

Maman, je désire la mosquée

De ceux-là qui m’ont enfanté.

C’est elle qui dira ce qui nous entrave et nous délaisse

C’est elle qui indiquera

Notre Tinmel

Notre joie.
Ainsi, le problème de la Tinmel moderne est bel et bien posé.

La lassitude. Bien sûr, le recueil est plein de mots, d’adjectifs, qui indiquent nettement la situation pour le  moins inconfortable du poète et de son peuple. C’est le cas de ‘Sécheresse’, ‘Larmes’, ‘Grande Soif’, ‘Ténèbres’, etc. Il y a en fait des vers, parfois même des poèmes entiers, chargés d’une souffrance et d’une tristesse accablantes. Cela peut même aller jusqu’au découragement. Certaines chutes sont sans appel. Eh oui, on peut bien comprendre que le grand Azayku puisse lui aussi avoir ses moments de lassitude. En effet, nous sommes entourés de qui se dit arabiste, islamiste, progressiste, etc. Le qualificatif commun pouvant être ‘ignorantiste’. C’est l’ignorance et la fuite de la réalité qui font que certains –malheureusement trop nombreux- se complaisent dans des discours creux qu’ils rabâchent à tout vent.

Dans Imula (p. 25), est exprimée la malédiction des cieux qui n’arrosent plus la terre.

La terre, jamais plus, ne sera gorgée d’eau

Les cieux nous délaissent.

Dans Una ne  Irafan (p. 46), l’auteur donne une  image poignante de la paralysie intellectuelle qui fait suite à des dialogues de sourds-muets.

La question du muet

Captée par le sourd

L’esprit s’arrête

Suspendu

Aux racines de la soif …

Tanekra (p. 47) véhicule un sentiment d’échec qui peut conduire au désespoir. L’attente de jours meilleurs semble illusoire, au point que le poète reconnaît l’usure et exprime clairement sa fatigue.

Les lumières que je recherche

Absorbées par les ténèbres

Les maux en mon cœur

Ont sectionné, de  mon cœur, les racines

Le sang des autres

En nous, l’audace, a tué.

………………………….

Sèche la moelle, des mauvais jours,

A mâté les poitrines

…………………………

Fatigué, je suis d’attendre

…………………………..

Oublié par la montagne,

L’honneur, des vagues, n’y fait plus.

Igwlifen (p. 50) de 1975, comme le poème précédent, porte également le message de déception et de fatigue. Le dernier vers en est ‘Je suis las’. En voici d’autres. Les premiers dénoncent le manque de combativité, ou en quelque sorte la démission.

Les troupes fuient les maisons

S’engagent dans les forêts

Dans les bois demeurent

………………………………

Ont émigré, les sourds

Je suis las.

Nous nous contenterons de ces exemples. Il y’en a d’autres. Nous ferons de même avec l’espoir, dans ce qui suit.

L’espoir. L’on peut dire qu le recueil n’est pas gai. Cependant, malgré le constat sans appel sur l’état piteux du peuple amazigh, le poète nous surprend souvent par son espoir en de meilleurs lendemains. Comme premiers exemples, nous avons les chutes des poèmes Awal et Genvillier qui ont été intégralement donnés dans ce qui précède
Dans Tagouri (L’appel, p. 16), l’auteur déplore la surdité des auditeurs mais en arrive, à la fin, à la conviction que l’appel fera l’union. Il y’en aura même ceux que l’on n’aurait pas attendus. Il est également annoncé que le moment de la marche en avant est bien arrivé. Les quatre derniers vers de Imula sont aussi significatifs. D’abord

Qu’ai-je à ne pouvoir assurer,

Quand je parle, mes propos.

Puis

Moissonnons, prenons de notre champ

Depuis tant, n’avons labouré … .
Le poème Immi (p. 30), qui suit Imula, est du même mois (Juin) de 1976. En fait, il est écrit juste un jour après. La fin du deuxième poème est tout à fait la réalisation du souhait émis à la fin du premier. On peut très bien mettre les vers qui suivent  à la suite des deux précédents.

Notre semence, à nouveau poussera

Vers elle, l’eau, dirigeons

Plus jamais, ne séchera.
De plus, la réalisation du souhait se fait dans de bonnes conditions -sous la bénédiction maternelle- puisqu’en est la pluie.

Ô Maman, les avons toutes labourées

Nos terres

Avons fait, selon tes désirs.

Et voici, sur nous, de la pluie.

La langue amazighe. Dda Azayku a fait revivre beaucoup de mots qu’on avait tendance à utiliser de moins en moins ou à carrément oublier. Et le fait que ce soit par la poésie permet de les retenir plus facilement. En effet, ils ne sont pas isolés. Mieux, ils sont dans un contexte qui leur donne plus de force. Ils sont enrobés dans des  images, des  métaphores et/ou dans des chutes  percutantes. Je donne ci-après des mots qui ont retenu mon attention. Ils ne pourraient, peut être, que donner une idée de ma propre ignorance de Tamazight. En tout cas, il y a, à la fin de chacun des recueils, une liste de mots dont l’auteur a donné les équivalents en arabe.

Adghar (Place, Lieu) : Vocable bien connu au Maroc central ; Dda Azayku l’a adopté, en remplacement de Amkan et Lmoudaâ, en usage dans Le Sous et région. Ifezê : rumination ; De Fezzê (Mâcher). Assergem (honte); de Rgem (insulter) ; Andaru : Lieu de couvage, Nid ; De Anda (Où) et Arew (Enfanter). Wazzê (Particulier, singulier). Arugi (Rebèle) : De Ar (Jusqu’à) et Agwey (Refuser). Tarragt (Dédicace) : C’est l’ensemble des cadeaux offerts à la mariée. Taddanga (Une vague) : Dite aussi Taneggiyt, dans le Sud-Est ; certainement en relation avec le verbe Ngey (Inonder). Hêrboub : Peureux. Aghad (Brasier): On dit Irrig dans le Sud-Est ; en relation avec Tirregin (braises). Tiggas (Coups): On dit Titiwin (de Wwet ; frapper) dans le Sud-Est. Igum : Il est suffisant.
Conclusion.
Dda Azayku nous a laissé une poésie inspirée, bien travaillée et qui plus est à message. Les thèmes principaux en sont l’identité amazighe –dont, en particulier, la langue est mise en exergue-, l’amour maternel qui nous sauve de la déchéance, la souffrance durable des nôtres –surtout ceux de condition modeste-, etc.
Dda Azayku a fourni un effort considérable au niveau de la langue. Il en est devenu un fin connaisseur. Bien sûr, c’est un Aboudrar (Montagnard). Il est donc parti avec un avantage, de pureté de la langue, qui et celui des Montagnards. Mais quel bel effort quand même ! Il a été l’un des pionniers, sinon le premier, à ne faire aucune distinction entre les différents parlers (ou dialectes) de la langue Amazighe. A titre d’exemple, c’est lui qui m’a appris que ‘Vérité’ se dit ‘Tidet’, et ce dans le parler du centre qui est justement ma langue maternelle. Evidement, il utilisait le vocabulaire amazigh de quelque bord que ce soit. Comme je persistais à m’adresser à lui dans la parler du Sud (Sous et région) que je maîtrise bien, il finit par me dire ‘Parle comme chez vous ; je comprends bien’

La poésie de Dda Azayku est riche, fine, fluide et laisse toujours un impact indélébile sur tout lecteur attentif.

Dans Akkweffay ne Immi (Le lait de Maman, du deuxième recueil Izmulen), c’est l’hommage à la mère qui est identifiée à Tamazight (l’amazighité). En fait, ce n’est pas seulement un hommage au sens classique, quelle que soit sa grandeur et sa sincérité. C’est la sublimation d’un état d’âme – l’état d’âme étant déjà sublime- qui  naturellement  relie tout être humain à la maternité, à sa mère ; à notre mère. C’est le sentiment profond qui, consciemment ou inconsciemment, gère, dicte, induit, les actions de tout amazigh tant qu’il vit et assume son amazighité. Voici quelques vers de ce poème. Ils ont déjà été donnés dans la lecture d’Izmulen.

C’est Tamazight qui l’éleva

Sur les genoux de sa mère.

Du nouveau-né,

Orna-t-elle les paupières.

C’est elle qu’en rime il parla,

Lorsque son cœur ils incendièrent.

Il la parla,

Aux fleurs écloses dans les yeux de sa mère.
Salut Dda Azayku.

***
– Izmulen (Les Cicatrices) : Imprimerie Annajah Al Jadida, Casablanca, 1995.
Présentation sur Francopolis par Hha Oudadess (décembre 2007)

– Timitar ((Les Signes) de 1989 : Manchourat Okad, Rabat, 1989.

Timitar ne  Dda Azayku
Francopolis avril 2010
par Hha Oudadess
recherche Ali Iken

Source: http://www.francopolis.net/revues/Oudadess-avril2010.html

 

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