Brève description
Colonie des Grecs de Théra, Cyrène fut l’une des principales villes du monde hellénique. Romanisée, elle resta une grande capitale jusqu’au tremblement de terre de 365. Un millénaire d’histoire est inscrit dans ses ruines, célèbres depuis le XVIIIe siècle.
Description longue
Cyrène fut l’une des principales villes du monde hellénistique. Romanisée, elle demeura une grande capitale jusqu’au tremblement de terre de 365 apr. J.-C. Mille ans de son histoire sont inscrits dans ses ruines, qui sont devenues célèbres dès le XVIIIe siècle.
Fondée comme colonie par les Grecs de Thíra (Santorin), sous la conduite de Battos, au VIIe siècle av. J.-C., Cyrène se trouvait dans une zone d’influence carthaginoise prépondérante. À partir de 631 av. J.-C.(date de sa fondation traditionnellement acceptée) et jusqu’en 440 av. J.-C., cette ville de commerce, construite à l’intérieur des terres, a été dominée par la dynastie des Battiades. En moins d’un siècle (430-331), ce royaume fut remplacé par un régime démocratique qui se soumit spontanément, plus tard, à Alexandre le Grand ; à sa mort, la ville fut incorporée dans le royaume lagide. L’un des derniers descendants de la lignée de Bérénice et de Ptolémée III Évergète la légua au peuple romain en 96 av. J.-C.
Devenue province romaine en 74 av. J.-C., la Cyrénaïque partagea le sort de l’Empire et ne cessa jamais, à ce titre, de jouer un rôle important au sein du monde méditerranéen : donnée par Antoine à Cléopâtre, elle fut rattachée à la Crète par Auguste, qui imposa la date de la bataille d’Actium (31 av. J.-C.) comme le début d’une nouvelle ère, puis séparée de celle-ci par Dioclétien par une réforme de 305 apr. J.-C. qui la rattacha à l’Égypte. Son capitole, reconstruit au Ier siècle apr. J.-C., et endommagé au cours de l’insurrection des juifs de 116 apr. J.-C., fut entièrement reconstruit sous le règne d’Hadrien. Le déclin de la ville ne commença qu’avec le tremblement de terre et le raz de marée de 365 apr. J.-C., qui fut l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire. Lorsque Ammien Marcellin la visita, elle était entièrement déserte.
Cyrène, décrite par les géographes, d’Hérodote à Sinesius, et dont les charmes ont été chantés par Pindare et Callimaque, n’est pas seulement l’une des villes de la Méditerranée autour desquelles mythes, légendes et histoires se sont tissés pendant plus de mille ans ; c’est aussi l’un des plus impressionnants complexes de ruines du monde entier.
Au nord, le sanctuaire avec la fontaine sacrée d’Apollon, célébrée par Pindare, Hérodote et Callimaque, regroupe les temples d’Apollon (VIIe-IVe siècle av. J.-C.) et d’Artémis (VIIe-VIe siècle av. J.-C.), les chapelles de Perséphone, d’Hadès et d’Hécate, des monuments votifs et des trésors. Cette zone de culte a été complétée, au cours de la période romaine, par de très grands monuments dont les plus importants sont les thermes de Trajan, restaurés au IIe siècle apr. J.-C. Le théâtre grec, à l’ouest, a été transformé en un amphithéâtre par les Romains. Au sud-ouest, l’acropole forme une immense réserve archéologique dont l’exploration a été longtemps différée en raison de la position stratégique du site.
Au sud-est, à quelque 500 m du sanctuaire d’Apollon, l’agora et le forum romain, qui sont bien conservés, étaient au centre de la vie de la cité. Ce secteur se caractérise par la coexistence de deux systèmes d’urbanisme, grec et romain, qui se combinent en un tout unifié extrêmement vaste : le Bouleutérion et le Capitole, l’agora et le forum, le nomophylakion (dépôt des archives publiques), entre autres, se trouvent aux côtés de nombreux heroa, dont le plus connu est celui de Battos. C’est le centre urbain d’une ville idéale, orgueilleuse de son passé, consciente de la continuité de son histoire et tournée vers le futur. Le site archéologique de Cyrène ne se limite pas aux trois complexes monumentaux du temple d’Apollon, de l’acropole et de l’agora. Les fouilles ont révélé l’intérêt extraordinaire du secteur nord-est, dont les ruines grandioses sont celles du quartier d’habitation créé à l’époque d’Auguste, et habité jusqu’à la fin de l’histoire de la ville.
Ailleurs, Cyrène conserve aussi une nécropole qui compte au nombre des plus vastes et des plus diversifiées du monde antique.
Source : UNESCO/CLT/WHC