Le nouvel an berbère est célébré en l’honneur de Sheshnaq Ier, devenu premier pharaon d’origine berbère en l’an 950 avant notre ère, fondateur de la XXIIe dynastie qui régna sur tout le delta du Nil. Ce nouvel an, commémoré le 13 janvier, est une fête agraire qui invoque la clémence des forces de la Nature pour protéger les récoltes.
Ce jour-là, un copieux repas familial est servi, ce qui est censé présager une nouvelle année où l’abondance sera au rendez-vous. De nos jours, les détails de la célébration varient d’une région à l’autre, certains associant même à cette fête un événement familial heureux, comme la première coupe de cheveux du dernier-né, un mariage…
En fait, dans notre langue, les Berbères s’appellent Imazighen (pluriel d’Amazigh, qui se traduit textuellement par «homme libre») et le nouvel an Yennayer. Aujourd’hui, il est difficile d’évaluer le nombre de berbérophones dans le monde, car les statistiques officielles ne tiennent pas compte de la langue maternelle. Néanmoins, certains experts estiment que les berbérophones constituent près du quart de la population algérienne et plus du tiers de la population marocaine.
On rencontre aussi, à nettement moindre échelle, des minorités berbères en Tunisie, en Mauritanie, en Libye, en Égypte (oasis de Siwa) et aux îles Canaries. À cela, il faut ajouter un million de Touaregs répartis sur cinq pays du Sahel et une diaspora de deux millions, essentiellement en France. Même si la langue berbère possède son propre système d’écriture, de grammaire et de syntaxe, il existe près de 30 dialectes, alors que les communautés berbérophones les plus nombreuses sont les Chleuhs au Maroc et les Kabyles en Algérie.
Saint Augustin le Berbère
Au Québec, la population d’origine berbère n’est pas connue en tant que telle. Par extrapolation, elle peut être évaluée à 30 000 personnes. À Montréal, le Berbère le plus célèbre est probablement Rachid Badouri, alors qu’en France, c’est Zinédine Zidane, demeuré icône nationale, même après sa retraite footballistique. Mais le Berbère le plus célèbre au monde est plutôt méconnu de mes concitoyens d’ici.
En 2005, quand le célèbre acteur Gérard Depardieu a présenté à la basilique Notre-Dame de Montréal les Confessions de saint Augustin (354-430), très peu de Québécois savaient que cet illustre penseur était… Berbère. Un de mes collègues, de surcroît professeur, a même eu de la misère à me concéder que le célèbre théologien et non moins père de l’Église latine puisse être mon aïeul; il est vrai que le réfractaire à toutes les religions que je suis manifestait alors un penchant douteux pour ce religieux.