1. Le cours de l’année 2008-2009 a été consacré à Leibniz, et plus précisément à la solution qu’il a essayé d’apporter au problème de la nécessité, de la contingence et de la liberté. C’est Leibniz lui-même qui a parle de « labyrinthes à erreurs » à propos de deux problèmes philosophiques centraux : celui du continu, dont on peut dire en suivant Vuillemin, que, depuis la formulation des paradoxes de Zénon, il a dominé l’histoire de la philosophie théorique, et celui de la liberté, qui, à travers une autre aporie, celle de Diodore, a dominé l’histoire de la philosophie pratique. L’objet de ce cours se situait d’une certaine façon directement dans la suite de celui du cours des deux années précédentes, qui avait été consacré à une tentative de réponse à la question « Qu’est-ce qu’un système philosophique ? » Le but était d’examiner dans le détail le genre de réponse que le système de Leibniz essaie d’apporter à l’aporie de Diodore et, plus précisément, la façon dont il s’efforce de défendre et de protéger la liberté contre la menace du nécessitarisme, en particulier du nécessitarisme spinoziste.
2. Nietzsche dit que, quand nous admirons les grands philosophes du passé, c’est souvent moins à cause du but qu’ils sont essayé d’atteindre, que nous ne partageons pas, qu’à cause des moyens qu’ils ont utilisés pour le faire. Si on considère que le but du système leibnizien est quelque chose comme la démonstration du fait que nous vivons dans un monde qui est le meilleur de tous ceux qui auraient pu exister et qui a pour auteur un créateur à la fois tout-puissant et infiniment juste et sage, il est permis de considérer qu’un tel objectif philosophique nous est devenu à présent passablement étranger, même s’il est vrai que l’on s’est mépris de bien des façons et souvent de manière radicale sur ce que Leibniz veut dire quand il affirme que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. On a commencé, dans le cours, par examiner de près la signification réelle de cette thèse leibnizienne et les raisons pour lesquelles elle est bien moins choquante qu’on ne le croit la plupart du temps.