Les années “Apostrophes” écornées

A la rentrée, il faudra avoir l’œil sur les Mémoires, souvenirs, autobiographies d’écrivains. Surtout sur leur Journal, qu’il soit intime ou littéraire. Notamment sur les pages couvrant la période 1975-1990. Cela vous rappelle quelque chose ? Les années “Apostrophes”, et leur prolongement dans les années “Bouillon de culture”. Leur histoire n’a pas encore été écrite alors qu’elles jouèrent un rôle unique dans la diffusion des idées. Une autre époque des livres, de la librairie, de la lecture et surtout de la télévision. En ce temps-là, leur animateur était relativement intouchable tant étaient nombreux les éditeurs qui se réglaient sur son émission pour assurer leur année.

Les temps changent. Désormais, on se lâche. Il suffit d’évoquer le nom de Bernard Pivot sur un forum en ligne pour que, dans la foulée d’une jeune génération insensible à cette légende pour n’avoir pas été les enfants de cette télé-là, d’anciens vils flatteurs se métamorphosent en critiques d’autant plus implacables qu’ils signent d’un pseudonyme ; et les plus terribles sont naturellement des écrivains autrefois comblés d’avoir été apostrophés un vendredi soir. Air connu. Mais il grince aux oreilles lorsqu’on fait parler les morts.

Pierre Assouline

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