Retour à l’islam des origines
Dans le texte d’introduction au documentaire « Les discours de Hambourg », on apprend que l’imam Mohammed Fazazi a enseigné au Maroc la variante salafiste de l’islam, qui aurait été vécue dans toute sa pureté par le Prophète et ses compagnons ainsi que par les trois générations de musulmans qui ont suivi. La mouvance islamique des salafistes prêche un retour à ce qu’ils pensent être l’islam des origines, dont la substance religieuse est définie une fois pour toutes dans le Coran ainsi que dans les paroles et actes du prophète Mahomet (« hadith »). Le Coran étant une révélation venant directement de Dieu, tout questionnement sur ses origines historiques est hérétique en soi. Toute exégèse du Coran ne peut donc être qu’une lecture au pied de la lettre de ses sourates et versets. Par voie de conséquence, toutes les exégèses coraniques de l’Histoire faisant la part belle à l’interprétation sont proscrites d’emblée comme de pernicieuses innovations (« bid’a »).
De cette conception ultra-orthodoxe du Coran se dégage une vision totale de la religion, comme le dit explicitement Fazazi dans le film « Les discours de Hambourg » : « La religion islamique est globale, complète, inébranlable et parfaite. Elle imprègne tous les domaines de la vie sans exception. L’islam a des réponses à toutes les questions et un programme spécifique pour tout. » Cette affirmation de l’unité indissociable de la religion, de la politique et de la société s’oppose à tous les courants de la modernité, non seulement parmi les ‘infidèles’ et l’« Occident », mais aussi au sein même de l’islam.