Le formidable ébranlement qui secoue le monde arabe, depuis quelques mois, a suscité presque aussitôt chez les historiens et chez les citoyens soucieux de resituer l’inattendu dans la longue durée des forces souterraines, l’envie ardente de comparaisons avec d’autres temps. On s’est mis en quête, un peu partout, de moments lumineux où l’esprit de liberté a gagné semblablement, de proche en proche, de pays en pays, selon un processus d’imitation bienheureuse.
Divers commentateurs ont évoqué l’émancipation des démocraties populaires, à l’est de l’Europe, après la chute du mur de Berlin. Nous y reviendrons peut-être un jour. Mais ce matin j’ai choisi de concentrer plutôt l’attention sur un autre précédent, celui du « printemps des peuples » de 1848, qui vit l’Europe, après de la Révolution de février qui mit à bas, à Paris, la Monarchie de Juillet, l’Europe parcourue de proche en proche par un magnifique frisson de bonheur et de liberté, et les peuples secouer, les uns après les autres, les régimes autoritaires vermoulus qui pesaient sur eux.