Quelle idée d’entretien pouvait venir plus naturellement à Jean Lacouture que celle d’un « A voix nue » avec Jorge Semprun, l’un des hommes de ce temps qui aura su joindre avec intrépidité l’écriture à la vie? Jean Lacouture a choisi de le provoquer sur deux terrains périlleux : la déportation et la clandestinité révolutionnaire. Comment cette machine à broyer l’homme qu’était Buchenwald a-t-elle, au contraire, construit Semprun, en faisant l’homme sans peur et sans haine qu’il est aujourd’hui? Comment des années de vie clandestine sous Franco ont-elles forgé cet écrivain, avivé sa lucidité, épuré sa sensibilité?
1) Jorge Semprun parle de sa famille, des amis de son père tels que Federico Garcia Lorca, de la guerre civile, de son arrivée en France en 1939 et son apprentissage de la langue française.