Carlo Ginzburg ou la polyphonie de l’histoire

Livre après livre, Carlo Ginzburg poursuit sa construction de l’histoire à travers une œuvre dont la singularité s’affirme chaque fois plus éclatante, en même temps qu’elle s’accompagne d’une réflexion générale qui reconduit le lecteur vers les grandes questions de notre époque. Si l’on a coutume d’invoquer la littérature pour qualifier cet art si particulier qui est le sien, en référence à son lien de filiation avec la romancière Natalia Ginzburg, on pourrait tout aussi bien emprunter à la métaphore musicale pour décrire l’architecture d’une œuvre que l’alternance d’études de micro-histoire avec des essais d’épistémologie apparente à l’écriture en contrepoint. Le Fil et les traces, sous-titré Vrai faux fictif, son dernier ouvrage traduit en français, s’inscrit ainsi dans le sillage de À distance, neuf essais sur le point de vue en histoire (1998) et de Mythes, emblèmes et traces (1986), aujourd’hui réédité en poche dans une version augmentée d’une conférence prononcée à Lille et qui revient, vingt-cinq ans après, sur l’hypothèse du « paradigme indiciaire ».

Perrine Simon-Nahum

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