« On n’a pas le droit de nous filmer, nous on travaille ici ! », s’emporte une serveuse du café 2115, un foulard sur la tête, vers 18 heures. Visées par de très impressionnants objectifs, ses deux autres collègues tentent de servir les habitués : sandwichs, « riz woloff », « agneau dibi » et autres boissons chaudes.
Pourquoi toute cette agitation, se demandent les passants comme les fidèles clients de ce café très en vogue dans la communauté africaine, situé entre Frederick Douglas Boulevard et la 114e rue ? Blake Diallo, le frère aîné de Nafissatou Diallo, la victime présumée du viol dont est accusé Dominique Strauss-Kahn, n’est autre que le manager du petit restaurant guinéen. Il loge au premier étage, et devrait sortir de ses quartiers pour affronter la cinquantaine de journalistes présents sur place. Ce quadragénaire Peul, en veste de tailleur, avec un bandana noir et jaune autour du cou, est visiblement hésitant. Il fait quelques apparitions par l’embrasure de la porte arrière du café, qui communique avec l’étage. Un Africain de très grande taille, visiblement remonté contre les médias et proche de Blake Diallo, conseille à ce dernier de « ne pas parler ». Tous découvrent l’univers médiatique, ses demandes incessantes d’interviews, et ne savent guère comment réagir.