Silence assourdissant, en Europe, pendant que l’OTAN mène en son nom une guerre qui ne dit pas son nom : en deux mois, deux mille cinq cents « frappes » sur des cibles en Libye. L’opération « Unified protector », vendue à l’ONU sous un manteau humanitaire, a conduit à prendre parti dans une guerre civile, et à glisser de l’imposition d’une « zone d’exclusion aérienne » à une expédition punitive visant un régime et un homme, promus au rang de « nouveaux Satans » – quitte à générer des victimes civiles supplémentaires, des destructions, la désorganisation d’un pays… A fabriquer encore plus de réfugiés, d’émigrés… Voire à courir un risque de partition du pays – avec au final rapport coût-efficacité pour le moins contestable.
Plus vite, plus fort : les dirigeants européens les plus en pointe dans l’actuelle opération en Libye souhaitent des résultats plus déterminants et rapides :
ils sont soucieux de ne pas ajouter des tensions sur un marché du pétrole déjà très nerveux depuis quelques mois ;
ils craignent que la prolongation du conflit ne favorise le courant islamiste d’AQMI, et ne provoque un afflux supplémentaire d’immigrés d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire ;
en outre, leurs opinions publiques, bien que plutôt indifférentes au sort des Libyens eux-mêmes, regardent avec méfiance cet engagement coûteux, avec risque d’enlisement à la clé.